Quand la musique s’anime…
Alors que Caroline fourbit ses extraits pour le second ciné-goûter qu’elle consacrera à ce vaste thème, focus sur une sélection en forme de rétrospective d’œuvres animées, plus ou moins connues, ayant mis la musique en avant ou s’étant laissées porter par elle…
C’est un fait, la musique adoucit les mœurs des petits et des grands. Elle produit en outre des images mentales faites de formes et de couleurs. Depuis les œuvres fondatrices des studios américains ou japonais, nombreux sont les métrages à s’être laissés bercer par des séquences chantées. Même si parfois l’épreuve du doublage saccage littéralement des compositions plus intéressantes qu’il n’y paraît (Rio 2…). Nous vous proposons une balade depuis les origines du cinéma d’animation, à travers les genres (et les matériaux !). Pour égayer les fêtes à venir, voici 20 propositions plutôt pour les petits – avec en fin de liste, de tous nouveaux dessins animés ! -, suivies de 20 liens plutôt pour les grands ! Que la fête commence…
Kobu Tori (Yasuji Murata et Chûzô Aochi 1929) Murata fut l’assistant du pionnier de l’animation nippone Seitaro Kitayama dont le studio sera détruit par le tremblement de terre de 1923. Très prolifique, il réalise de très beaux courts-métrages dont Taro’s train (1929).
Silly symphonies : une série pionnière des studios Disney, contemporaine des débuts du cinéma sonore et dont le véritable héros est bien la musique, même si elles illustrent le plus souvent des contes américains ou européens. Ce premier « fantasyland » de Disney se compose de 75 courts-métrages officiels, en couleur à partir de 1932 et qui ont fait avancer les différentes techniques du cinéma d’animation, notamment sur la synchronisation du son et de l’image. Un court métrage de circonstance : L’atelier du père noël (1932)
Papageno (Lotte Reiniger, 1935) Mozart sublimé par l’art de la grande Lotte Reiniger !
Fantasia ( 1940, Studio Disney) Troisième et peut-être plus beau film du célèbre studio ou en tout cas le plus audacieux de ses longs-métrages. En dvd à LaNouvelle Dimension !
Douce et Criquet s’aimaient d’amour tendre (Mister bug goes to town, 1942, Dave et Max Fleischer) Après le phénomène Betty Boop et sa mise à mort par le code Hayes, les Fleischer tentent de lutter contre la suprématie des productions Disney, force est de constater que leur travail restait encore formidable !
La boîte à musique (Blue Bayou – Disney, Samuel Armstrong, 1946) Initialement prévue pour Fantasia, cette belle séquence mélangeant le Clair de lune de Debussy à des paroles créées pour le film par Bobby Worth et Ray Gilbert, sortira au sein de Make mine music. Magique.
La demoiselle et le violoncelliste (Jean-François Laguionie, 1965) Une merveille de poésie, dans un univers assez proche de son tout dernier Louise en hiver.
Yellow submarine (George Dunning, 1968) Les Beatles en plein trip. Immortel !
Joy Batchelor et John Halas Butterfly ball (1974, réal Lee Mishkin, Musique Roger Glover) Un court clip animé dont les métamorphoses surréalistes et psyché ont ravi les enfants des années 70. « Love is all you need », toute une époque…
Fox book (Robert Sahakyants, 1975) Curieux musical sorti des studios arméniens, mélange de dessin naïf et d’éléments traditionnels, sans oublier des décors et effets psychédéliques très 70’s. Sous-titres en anglais seulement.
Goshu le violoncelliste (Isao takahata, 1981) Sans doute le plus grand film d’animation sur l’apprentissage de la musique… En dvd à La Nouvelle Dimension !
A claymation christmas celebration ‘quasi maestro » (Barry Bruce, 1987) L’inventeur du terme « Claymation » (pour animation en pâte à modeler), Will Vinton, fut le fondateur de l’un des studios américains les plus importants de la seconde moitié du 20ème siècle, travaillant autant pour la pub que pour les majors et sur des séries plus personnelles comme Les aventures de Mark Twain. Certains de leurs personnages ont marqué durablement les américains (le groupe black California raisins), avant que le compagnie ne soit rachetée par Phil Knight, cofondateur de Nike et ne disparaisse, dépossédée, grignotée peu à peu par le magnat. Will Vinton aura pourtant donné vie à la pâte à modeler dans le cinéma d’animation américain, la faisant tour à tour pleurer chanter puis danser. Les dialogues sont anglais mais le concert des cloches se passe de commentaires…
Juke bar (Martin Barry, ONF, 1989) Fortement inspiré de Joe Dante et précédant le succès ultérieur de Joe’s appartment, ce court créé pour le 50ème anniversaire de l’Office National du Film canadien fait de la musique un décor et un argument comique.
L’étrange noël de Monsieur Jack (Henry Selick, 1993) Longtemps considéré comme uniquement burtonien, ce film important est désormais reconnu comme l’association prodigieuse de deux créateurs de génie (Coraline pour Selick). On y reprend la meilleur tradition de la comédie musicale animée… Disponible à La Nouvelle Dimension !
Les triplettes de Belleville (Sylvain Chomet, 2003) On ne présente plus leur célèbre groupe, ses featuring « de luxe » et sa musique passée à la postérité ! En dvd à La Nouvelle Dimension !
Piano Forest (2009, Piano no mori, Masayuki Kojima) Deux prodiges du piano s’affrontent dans ce beau manga lyrique. Disponible à La Nouvelle Dimension !
Un monstre à Paris (2011, Bibo Bergeron) Il faut bien l’avouer, le film doit BEAUCOUP aux chansons de M quand le graphisme marche lui sur les traces de Paul Grimault. En dvd à La Nouvelle Dimension !
Le garçon et le monde (Alë Abreu, 2013) Au Brésil, la musique est justement le plus haut degré d’expression des richesses du monde. Normal que les musiques de ce film étrange soient magnifiques. Un animé différent.
Lou et l’île aux sirènes ( Masaaki Yuasa 2017) Après une sortie en salle trop discrète, le Cristal du long-métrage de cette année à Annecy, signé par le très barré réalisateur de Mindgame (disponible à La Nouvelle Dimension!), est très très attendu en dvd…
Coco (2017, Lee Unkrich et Adrian Molina, Pixar/Disney) Parce qu’au Mexique, la musique est partout, Pixar a eu la bonne idée de la mettre au cœur de son scénario comme de ses délires (ah ses trois nonnes accordéonistes!) sans toutefois sacrifier au folklore (El rey…). Bientôt à Florac grâce à Cinéco !
et pour les grands, parfois mais pas seulement…
Betty Boop The Old Man Of The Mountain ( Dave et Max Fleischer, 1933) Tout le génie des Fleischer pour cet épisode évidemment censuré à l’époque. Un classique !
Une nuit sur le mont chauve (Alexandre Alexeieff et Claire Parker, 1933) Magnifique illustration de la musique de Moussorgski, par les créateurs du célèbre écran d’épingles.
Raimbow dance (Len Lye, 1936) Pour son retour à la figuration, ce père de l’animation abstraite se déchaîne sur la couleur alors à ses balbutiements. Une modernité incroyable.
An optical poem (Oskar Fischinger, 1938) Même Disney a emprunté à ce pionnier de l’animation abstraite. Un incontournable génie.
Tulips shall grow (Georges Pal, 1942)
Sombre mais éminemment vivant, par le génie créateur des Pal’s puppets.
The magic canvas (Halas and Batchelor, 1948) Sublime méditation minimaliste sur la liberté qui illumine l’après-guerre malgré une partition beaucoup plus grave.
Henry Valensi (Symphonie printanière, 1959) Futuriste passé au courant musicaliste, Valensi va travailler une toile peinte en 1934 pour la faire vivre et évoluer par l’animation, créant la ciné-peinture. Dans cet extrait muet, on voit bien comment la musicalité est créée par les rythmes et associations de formes et de couleurs.
Keiichi Tanaami : Goodbye Elvis and USA (1971) Comme son compatriote Yoji Kuri, Tanaami mélange érotisme et musique pop, avec une coloration psychédélique beaucoup plus marquée. Adults only !
Norman Mc Laren (Synchromy 1971) Une expérience étonnante de « son animé » (ou d’image synchrone??). Mc Laren, toujours à la pointe de la recherche sur le support même, dessine des sons à partir de forme et de couleurs, puis les photographie sur la bande sonore. En résulte ces notes synthétiques et irréelles.
Allegro non troppo (Bruno Bozzetto, (1976) Chef d’œuvre du long métrage animé musical (Sibelius, Ravel, Dvorak, Stravinski…) mais impertinent dont voici un long extrait. On y retrouve le très cartoonesque Maurizio Nichetti (L’amour avec des gants).
Satimania (Zdenkó Gasparovich,1978) Un classique de la très riche école de Zagreb. Entre mélancolie et expressionisme.
78 tours (Georges Schwizgebel, 1985) Une série impressionnante de métamorphoses au rythme de la valse. Film du génial animateur suisse (l’inquiétant Fugue) auquel le festival Itinérances rendit hommage il y a quelques années.
Les Feebles (Peter Jackson, 1989) Tourné en un temps record, une parodie rock’n roll et barrée du célèbre Muppet show. Le pendant énervé et animé du Rocky horror picture show.
Rigoletto (Barry Purves, 1993) Débuts en fanfare pour ce grand marionnettiste qui livrera ensuite l’extraordinaire Gilbert ans Sullivans the very models, sur de célèbres compositeurs d’opérettes, Hamilton matress, plein de swing et d’humour ou plus récemment une élégie à Tchaikovsky (2011). En dvd à La Nouvelle Dimension !
Interstellar 5555 ( 2003, Kazuhisa Takenouchi, Toei) Créé d’après les dessins de Leiji Matsumoto (père d’Albator) avec la musique des Daft Punk (Discovery), un animé qui carbure à la musique, fut-elle interstellaire…
Le carnaval des animaux (Michaela Pavlatova, 2006) Entre Bretecher et Bill Plympton, un court délirant qui revisite nos désirs, la sexualité et autres turpitudes bien humaines par une animatrice tchéque plusieurs fois primée à Annecy.
Énergie ! (Thorsten Fleisch, 2007) Cet allemand qui a étudié avec le grand Peter Kubelka, réalise des films entre expérimentation bruitiste et minimalisme visuel. Il a notamment collaboré au Enter the void de Gaspard Noé. En dvd sur les bonus de Enter the void, disponible à La Nouvelle Dimension !
Sita sings the blues (Nina Paley, 2008) Un humour et des techniques d’animation très contemporaines pour adapter un texte antédiluvien, le Ramayana. Pour les fans de mythologie, sous-itres en français disponibles sur You tube !
Aeterna (2013, Leonardo Carrano) 14 films réalisés par un grand nom du cinéma expérimental italien qui revisitent le Requiem de Mozart, fruits d’une écoute quotidienne durant douze ans. Un film prodigieux vénéré par Ennio Morricone lui-même.
Min bordä ( The burden, Niki Lindroth von Bahr – 2016) Découvert à Annecy, quinze petites minutes suédoises qui valent tous les La la land !
That’s all folks ! Passez tous de joyeuses fêtes…