Maxence Voiseux
"Dans le fond, je crois que je filme pour vivre des vies qui ne sont pas les miennes. »
Après des études scientifiques, Maxence Voiseux intègre le master de cinéma documentaire à l’Université Paris VII en 2012 où il réalise ainsi l’année suivante son premier court-métrage documentaire, Des hommes et des bêtes sur une famille de marchands de bestiaux dans le Nord de la France. En 2016, il donne une suite à son premier travail documentaire dans un format plus ample : Les Héritiers, sélectionné et primé dans plusieurs festivals. Il réalise ensuite le film Cliché brûlé. Puis, il donnera une suite à son premier travail documentaire dans un format plus ample : Les Héritiers, qui sera sélectionné et primé dans plusieurs festivals. Après deux films autour du travail et la transmission, il se lance dans l’écriture de Printemps boucher, son premier long métrage et réalise enfin Le dernier socialiste, en 2018.
« Pour archiver le monde (…), pour donner à voir des récits que je ne veux pas qu’on oublie : des paroles marginalisées, des gestes singuliers, des moments spectaculaires comme anodins. Je filme aussi pour tenter de mettre en ordre le réel à ma façon. Le réalisateur a la modeste tâche de restituer un réel trop souvent injuste et désordonné. Cette restitution est toujours subjective, jamais vraie mais pourtant bien sincère. On se confronte à la vie pensant pouvoir la contrôler. On souhaite l’imprimer mais bien souvent, elle nous échappe pour nous emmener ailleurs. Et c’est cet ailleurs qui est incontestablement la sève du documentariste. Filmer la vie, c’est prendre le temps de l’observer, de la remettre en ordre – ou plutôt dans celui que l’on pense le plus juste. J’aime à penser que la vision du réalisateur n’est finalement qu’un acte de présence. Il nous dit quelque chose du monde, nous raconte sa présence au réel. Il nous dit aussi : « voilà comment cela aurait dû se passer ». Tout est faux et pourtant il y a toujours quelque chose de vrai et d’unique. Cette authenticité est aussi l’opium du réalisateur. Si le tournage est exigent, sa préparation et sa mise en place le sont tout autant. Filmer est une aventure, une expérience souvent décevante, parfois enivrante. Je ressens le tournage comme un geste décevant ou addictif, sans jamais connaître de sentiment intermédiaire. L’acte de filmer est aussi impure car illégitime. Dans le fond, je crois que je filme pour vivre des vies qui ne sont pas les miennes. »