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Lieu
La Nouvelle Dimension Voir sur la carteVietnam, persistant mirage
Hanté par les guerres qui ont émaillé le siècle, le cinéma vietnamien est un cinéma de la disparition, mais aussi de la réincarnation, autrement dit du lien et de la mémoire. Peu relayé en France, il a pourtant été considéré assez tôt outre Atlantique ou en Union soviétique.
Les vietnamiens doivent d’abord gagner l’indépendance à la pointe du fusil et depuis leur centre du cinéma d’Hanoï, le film sera avant tout une arme et un outil de propagande jusqu’en 1975. On est néanmoins surpris de voir la qualité des films de guerre vietnamiens certes fortement influencés par le réalisme socialiste, mais surtout empreints de douceur bien qu’incorporant parfois de véritables scènes de bataille. On note en outre un important développement du docu-drama.
L’après-guerre fait la part belle aux films épiques ou autour de problématiques sociales, avec
une forte présence de personnages féminins héroïques (Me vang na de Nguyen Khanh Du en 1979) et ce, jusqu’aux écoles de cinéma où se prépare la renaissance du cinéma vietnamien (Viêt Linh) à partir du grand tournant amorcé en 1984 ( Quand viendra le dixième mois, censuré chez lui mais acclamé à l’étranger).
Pour contrer l’ouverture en 1986 à l’économie de marché, les auteurs s’organisent pour résister avec le mouvement politique du « dol Moi » (renouveau) et une diversification des formes cinématographiques. Au milieu des années 2000 s’affirme une nouvelle vague avec des films comme Bi n’aie pas peur! ( 2010) ou The white silk dress (2006). Mais ce sont aussi les cinéastes « viet kieu » (élevés en France) comme Lam lê et surtout Tran Anh Hung, ou aux Etats-Unis Tony Bui, (3 saisons ) qui vont imposer ce nouveau cinéma sur la scène internationale.
Un cinéma populaire se développe également et redore le box office avec des films de gangsters et d’arts martiaux (Le rebelle de Charlie Nguyen avec sa star Johnny Tri Nguyen ) lorgnant vers l’esthétique et le marché du cinéma chinois, des comédies romantiques ou un cinéma d’horreur émergent ( Muoi the legend of a portrait, 2007).
Et toujours, la colonisation et ses conséquences restent un thème fort de la fiction comme du documentaire ( Re assemblage de l’écrivain, poétesse et philosophe féministe Trinh T Minli Ha).
Il serait donc grand temps pour le public français d’oublier un peu Dien Bien Phu pour plonger sans retenue dans ce cinéma d’une qualité exceptionnelle et quia beaucoup à nous apprendre.