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La Nouvelle Dimension Voir sur la carteCréatures et créateurs : la grande famille des monstres :
De l’effroyable tératogénèse de Geoffrey de Saint-Hilaire à l’actuel combat du Transhumanisme, en passant par les poupées de Hans Bellmer, on lorgnera plus encore les créateurs que leurs créatures. Mais ce qui compte finalement c’est le monde plus humain que celui des hommes que se créent ces familles de freaks en tous genres…
Plutôt que de les lister en un fastidieux inventaire qui se plierait à la tératologie- la science des monstres – et à sa classification, nous préférerons les aborder à travers leurs rapports avec la société qui les entoure, et toujours les en sépare, le monstre restant le révélateur de l’être ou de la communauté qui se pense supérieure à lui. Nous mettrons donc un point d’honneur à gratter le vernis de la civilisation pour y révéler l’horrible, en mettant l’accent sur les dérèglements, tant dans les personnages ou groupes sociaux que dans les situations qu’ils engendrent et ce, pour traiter aussi ces films auxquels on ne penserait pas au premier abord…
Ce stage a pour objectif, à partir de nombreux extraits, d’aborder la fabrique filmique des monstres, sous toutes leurs coutures, ou presque !
Créatures et créateurs, la grande famille des monstres
« …Nous appartenons, soit à la famille, soit à la patrie. Du coup, face à cette double impasse, il est temps de trouver une solution. Celle-ci est, et a toujours été, la Famille des Freaks, la « Tod Browning & Schlitzie Appreciation Society », la Parade des Monstres – l’Utopie »
Pacôme Thiellement, Travail famille, freak show
Monstres du monstre… De l’incroyable tératogenèse de Geoffrey de Saint Hilaire à l’actuel combat du transhumanisme en passant par les poupées d’Hans Bellmer, on lorgnera plus ici leurs créateurs que les créatures – ou alors le temps d’examiner certains ratés de fabrication, virus et autres expérimentations animales -, en dépliant un long catalogue de savants fous dont le cinéma de genre est friand.
D’ailleurs, ceux qui, dans les coulisses du septième art, les créent, les Willis O Brien, Dick Smith, Gabe Bartalos, Giannetto de Rossi, Tom Savini ou David Scherer, ne sont-ils que des artistes dégénérés ou plutôt les derniers chirurgiens humanistes de notre temps? Aujourd’hui que la branchitude a presque ringardisé le monstre, leurs auteurs n’en apparaissent que plus démiurgiques. Le statut de l’artiste égocentrique se voit remis en cause. On prétend disséquer les fantasmes de Woody Allen et comprendre les mouvements de sa libido à partir de simples scénarios.
On analyse les films cerveaux comme des systèmes-monstres. L’Etat est devenu cette entité jungienne et crée de toutes pièces les défauts d’humanité de ses fonctionnaires. La question de la représentation du mal absolu pose encore et toujours le même problème et se doit à nouveau d’être débattue à l’heure des journaux télévisés et des films apocalyptiques de Daech. Comme si devenu le territoire d’élection des monstres, l’audiovisuel enfantait à son tour des œuvres réellement monstrueuses dans leur gestation même.
Parallèlement, de ces mondes imaginaires au monde réel s’est développée une nouvelle utopie : la grande parade de la famille des monstres, qui couvait depuis la matrice Freaks. L’amour que certains grands auteurs leur portent, depuis Hollywood jusqu’à l’underground, révèlent de véritables tribus, cités libertaires régies par d’autres lois. A nouveau la cellule familiale cesse d’être dysfonctionnelle et d’enfanter ses propres monstres pour vivre et jouir de son infamie, opposant à nos angoisses un futur différent mais tangible.