INTERVENANT :
Lieu
La Nouvelle Dimension Voir sur la cartePalestine, de la revendications aux identités multiples
Salue notre maison pour nous, l’étranger
Les tasses de notre café y sont encore en l’état
Y sens-tu l’odeur de nos doigts?
Dis-tu à ta fille à la natte et aux sourcils épais
Qu’elle a un camarade absent qui souhaite lui rendre visite?
Rien que pour traverser son miroir et voir son secret
Voir comment, à sa place, elle poursuit sa vie
Salue la. Si tu trouves le temps
Mahmoud Darwich, Lorsqu’il s’éloigne
La Naqba en a fait dès les origines un cinéma de l’exil et de la recherche de l’identité.
Malgré quelques grandes figures comme Mahmoud Darwich, la culture n’est pas ce qui s’impose immédiatement à l’esprit du grand public lorsqu’il songe à la Palestine. Dans l’imaginaire collectif, la Palestine est la terre du conflit permanent, insoluble, et son esthétique n’est pour une majorité d’entre nous que constituée de ruines, occupant depuis 40 ans nos journaux télévisés. Il est essentiel de donner encore plus de visibilité à une cinématographie dont la vitalité s’affiche largement dans les festivals (Cinemed de Montpellier…).
Deux tendances partagent le cinéma palestinien depuis sa naissance :
– un cinéma de lutte, fortement idéologique, encadré par L’Organisme de Cinéma Palestinien fondé en 1968 ( le ciné-tract They do not exist réalisé par les combattants du Liban).
-Une fiction plus esthétisante qui naît dans les années 80 avec Michel Khleifi ( Noce en Galilée).
Par la suite, la plupart des cinéastes de la troisième génération sont des émigrés : Cherien Dabis élevée aux Etats Unis (Amerrika 2009), la documentariste Najwa Najjar, le cinéaste plus grand public mais tout aussi engagé Hany Abu Assad ( Paradise lost, 2005)… De très nombreuses fictions se tournent vers le plus grand public et mettent alors en scène des idylles devant s’accommoder des innombrables restrictions.
Toute une génération de femmes passe aussi à la réalisation comme Annemarie Jacir (Le sel de la mer 2009), la documentariste Mai Masri, Hanna Elias, Jessica Habie, Susan Youssef ou encore la grande comédienne Hyam Abbas (Héritage), sans oublier Amber Fares, photographe et cinéaste de Ramallah installée au Canada (Speed sisters 2015).
Comme elle, on s’attache à démythifier les stéréotypes pour édifier un projet de société où l’armée israélienne n’impose plus sa présence. Plusieurs comédies faites de bric et de broc apparaissent, dont celles du maître de l’absurde Elia Suleiman ( Intervention divine).
Sur cette même veine, Raed Andoni s’est imposé avec le semi -documentaire Fix me (2010) qui propose une thérapie cinématographique autant qu’un voyage initiatique alors que la tendance est au Home movie ou au journal filmé ( Five broken cameras ). Comme Amber Farès, de nombreux jeunes réalisateurs développent des thèmes sportifs, participent à des compilations de courts-métrages qui sont autant d’occasion de diversifier les sujets.
On ne peut donc qu’être d’accord avec Andoni quand il affirme que les palestiniens, grâce au cinéma, auront fini par créer leur propre territoire .